Présents sur la scène death/metalcore depuis presque deux décennies, les Américains de
Veil Of Maya sont désormais une figure, un modèle emblématique avec une discographie des plus consistantes ainsi que par des influences qui ne cessent de se multiplier.
Outre ce changement de registre entre deathcore et metalcore avec l’arrivée du vocaliste Lukas Magyar, remplaçant de Brandon Butler, le quatuor s’illustre par ses inspirations djent, mélodiques ou encore modernes. Ce sont ces impulsions qui permettent à nos musiciens d’être performants, audacieux et de constamment développer son univers. Cette créativité aura d’ailleurs été récompensée lors de la publication de l’album
Eclipse en
2012 avec une apparition remarquée dans le Billboard 200.
Depuis, le collectif a sorti deux autres opus qui auront définitivement fait basculer le combo d’une formation de deathcore à un groupe de metalcore. Mais les connotations death resteront parfois présentes, notamment sur la dernière galette
False Idol avec des titres comme Follow Me ou Fracture qui remettent en surface le passé sulfureux des Américains. Cependant, cette même sortie aura également montré les premières suffisances de nos artistes avec des compositions quelques fois ressemblantes, tantôt pompeuses et souvent peu aguicheuses. C’est après six années d’absence que le quatuor fait son grand retour avec un septième tableau prénommé
[m]other, une nouvelle fois sous la maison de disques Sumerian Records.
La formation nous avait déjà mis l’eau à la bouche avec des morceaux qui ne sont finalement pas présents sur la tracklist de cet album. Parmi eux, nous pouvons citer
Outrun et son solo de guitare qui nous est étrangement familier puisqu’il reprend les mêmes notes que The
Trooper d’Iron Maiden. La chanson offre de plus un breakdown djent groovy et extrêmement percutant. Le combo s’était aussi mis en lumière sur
Viscera, un des titres les plus lourds de l’ère Lukas, un esprit death omniprésent et une hétérogénéité vocale attrayante. C’est pourtant dans un certain contre courant que nos musiciens vont nous emmener dans cette septième vague avec une brutalité certes bien étincelante mais avec des paysages sonores surprenants et innovants.
[m]other se démarque en grande partie par une écriture prodigieuse, notamment au niveau du riffing de guitare absolument étourdissant. La liberté qui a été laissée au guitariste Marc Okubo permet d’avoir une multitude de bouleversements au sein d’un même morceau, d’être totalement pris de court et, dans la majorité des cas, d’avoir des schémas instrumentaux complètement imprévisibles. Le titre d’ouverture Tokyo
Chainsaw ne nous fournit pas encore cette sensation extravagante avec une forte empreinte deathcore, une frénésie inarrêtable et une complexité impactante pour une mise en bouche immédiate. Le travail vocal est quant à lui entièrement growlé pour accentuer cette virulence et cette impétuosité.
C’est
Godhead qui atteste en premier de ce riffing étourdissant avec un premier breakdown djent et quelques passages plus dissonants. La palette vocale de Lukas s’étoffe avec de somptueux va-et-vient entre entre growl et scream. Les patterns à la batterie sont terriblement accrocheurs et le groupe ne se prive pas d'utiliser des sonorités électroniques pour rendre la mélodie plus mystérieuse et grinçante. Le pré-breakdown propose un nouveau riffing discordant, toujours dans un rythme groovy. Mais c’est bien la panne finale qui sera le point d’orgue du morceau, une méchante torgnole caractérisée par une guitare et une prestation vocale graves ainsi que de pauses pour renforcer un sentiment déjà bien présent de destruction.
La suite de l’œuvre ne faiblit aucunement et nous soumet encore de belles stupéfactions. Ainsi, sur
Red Fur, on profitera d’un riffing rafraîchissant, technique et parfois chaotique, principalement lors du breakdown. On jouira de même d’une agréable et intéressante balance entre les sections étouffantes et les ponts mélodiques que sont les refrains avec le magnifique chant clair de Lukas, ce qui nous prodigue un dynamisme fort appréciable.
Disc
Kill Party et Mother Pt.4 se distinguent par leurs synthétiseurs et par cette ambiance synthwave. Le premier titre révèle une atmosphère bien plus positive et amusante que les autres compositions. Une fois n’est pas coutume, l’équilibre entre agressivité et douceur est parfaitement millimétré avec un nouveau chorus très entraînant. Le pré-breakdown est absolument inattendu avec une inspiration drum & bass divertissante et unique. La panne est une succession de curiosités guitaristiques totalement folles dont on ne comprend pas grand-chose mais qui nous donne pourtant envie d’y retourner. La seconde composition s’avère plus progressive, avec une dynamique charmante entre les passages au synthés assez pop et les moments djently ainsi qu’un riffing toujours aussi créatif.
Contrairement à ce que laisse présager le titre,
Synthwave Vegan ne propose aucun clavier mais sonne comme un rappel aux premières pièces du groupe. Dans un registre orienté death et djent, le morceau est une dose d’un peu moins de trois minutes de violence et d’intensité absolument irrespirables. La composition incorpore plusieurs breakdowns et autant de buildups pour un rendu complexe, bourré de tension et d’inventivité.
Lost Creator suit ce même modèle avec une mélodie encore plus technique due aux blastbeats.
[m]other est de loin le disque le plus abouti, le plus entreprenant et le plus complet de
Veil Of Maya dans ses deux « périodes ». Cette septième galette est un condensé de l’ensemble des œuvres du quatuor américain dans laquelle de nouvelles inspirations se sont glissées. Le groupe a haussé le ton sur de multitudes d’aspects, aussi bien vocaux qu’instrumentaux, ce qui donne un album pétillant, divertissant et qui ne se repose jamais sur ses lauriers. L’opus jouit de plus d’une production exemplaire qui le hisse clairement parmi les meilleures parutions death/metalcore de cette demi-année. Cette nouvelle création est donc une majestueuse réponse après un
False Idol un peu en dents de scie qui devrait ravir anciens comme nouveaux fans.
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